La protection de l’environnement a une signification particulière pour un mode de transport qui -en partie- utilise une infrastructure naturelle. De grands fleuves constituent les épines dorsales d’un réseau de voies navigables qui comprend en outre des embouchures, des lacs et des canaux. Une utilisation durable de cette infrastructure, en grande partie naturelle, impose des exigences élevées de ses usagers.
Plusieurs études récentes ont montré le caractère respectueux de l’environnement de la navigation intérieure. Des mesures ciblées contribuent au renforcement de ce profil. Ainsi, il existe un lien étroit entre les mesures dans le domaine de la sécurité et celles relatives à la protection de l’environnement. En effet, sécurité et protection de l’environnement vont de pair dans beaucoup de domaines.
Les considérations générales pour la navigation intérieure valent également pour la navigation rhénane.
Ces efforts fournis pour la protection des l’environnement se traduisent concrètement par une lutte permanente contre les pollutions sous toutes leurs formes.
Parmi les différents domaines d’action, on peut ainsi distinguer d’une part, la protection contre les pollutions consécutives à des accidents ("accidental pollution") et d’autre part, la protection au niveau des méthodes de travail à bord des bateaux, des techniques utilisées et concernant le traitement des déchets qui en résultent ("operational pollution").
Dans la navigation intérieure des accidents peuvent se produire suite à une technique défaillante ou à des erreurs humaines, comme c’est le cas pour toute activité humaine. Les risques concernés constituent un élément important dans le cadre de l’élaboration des prescriptions dans le domaine de la sécurité. Une analyse approfondie des différentes situations pouvant se présenter, ainsi que des accidents qui ont eu lieu, constitue la base pour un ensemble cohérent de dispositions en vue d’un haut niveau de sécurité passive dans le domaine du transport par voie d’eau (prescriptions techniques et dispositions pour le transport de matières dangereuses).
La navigation intérieure fait presque exclusivement recours au moteur diesel pour la propulsion et au gazole comme carburant. L’émission de gaz d’échappement contenant des composés nocifs est ainsi inévitable. La Commission Centrale a introduit des règles en vue d’une maîtrise de ces composés qui en font partie. Un agrément de type pour les nouveaux moteurs installés à bord des bateaux intérieurs est applicable (CCNR 1, à partir de 2003 et CCNR 2 à partir de 2007). Dans ce cadre, il est également fait référence aux directives communautaires relatives aux moteurs des engins mobiles (Directive 97/68/CE du Parlement européen et du Conseil du 16 décembre 1997)
La réduction de l’émission de CO2 a toute l’attention de la Commission Centrale dans le cadre de son grand projet thématique du changement climatique. Ainsi, des possibilités d’économies substantielles au niveau de la consommation de carburant, le recours à d’autres sources d’énergies comme le gaz naturel ou encore le recours à d’autres technologies de combustion, telles que la pile à combustible font l’objet de réflexions poussées.
Dans le cadre du transport par voie d’eau, s’il s’agit de passagers ou de cargaisons, des déchets surviennent. Ces déchets doivent être traités dans le respect des réglementations en vigueur relatives au stockage temporaire à bord des bateaux et au dépôt auprès des réseaux de recyclage et d’élimination. Des mesures qui favorisent la prévention de la production de déchets ainsi que le financement de la collecte du dépôt et de l’élimination de ces matières constituent des aspects particuliers. En tenant compte des caractéristiques propres à la navigation intérieure, parmi lesquelles le caractère mobile et le contexte international dans lequel ce mode de transport opère, les Etats plus particulièrement concernés ont élaboré, avec l’appui de la Commission Centrale, une convention internationale connue sous l’appellation CDNI (Convention relative à la collecte, au dépôt et à la réception des déchets survenant en navigation rhénane et intérieure). Cette convention est entrée en vigueur en novembre 2009. Le champ d’application géographique s’étend sur les voies navigables en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas, sur une partie des voies navigables en France (Rhin et Moselle), au Luxembourg et en Suisse (Rhin). Partant d’une interdiction d’un déversement dans les eaux de surface, la convention et son règlement d’application donnent des règles détaillées relatives à la prévention des déchets, comment traiter les déchets survenant à bord des bateaux et suivant quelles procédures les déposer auprès des installations terrestres. Puis, la convention précise les responsabilités relatives à l’élimination de ces déchets. Comme les règles varient suivant les différentes catégories de déchets, elles ont été regroupées dans des annexes spécifiques du règlement d’application suivant l’origine des déchets à bord des bateaux :
Partie A : Elle règle le traitement et le financement des déchets huileux et graisseux survenant à bord ;
Partie B : Elle règle le traitement de la cargaison au vu des déchets pouvant survenir ;
Partie C : Elle concerne les autres déchets : ordures ménagères, autres déchets spéciaux, eaux usées domestiques de bateaux à passagers et comparable :
La Convention CDNI connaît une structure de suivi propre, constituée d’une Conférence de Parties Contractantes (CPC) et d’une Instance Internationale de Péréquation et de Coordination. Le secrétariat de ces organes est assuré par le secrétariat de la Commission Centrale depuis le siège au Palais du Rhin à Strasbourg.